archives: ateliers de composition électroacoustique été 2015


Le collectif hapax, en partenariat avec le collectif éOle, organisait à Toulouse du 21 au 25 juillet 2015 un stage d'été autour de la composition électroacoustique avec les compositeurs Alain Savouret, Gaël Tissot et Guillaume Hermen (détails ci-dessous). Les pièces des stagiaires étaient diffusées en novembre durant la saison de concerts du collectif hapax.



L’accès aux cours collectif était ouvert, sans sélection, aux auditeurs libres (voir coût pédagogique).

Objectifs

Approfondir sa connaissance du répertoire et des différentes approches compositionnelles de l’électroacoustique. Produire une œuvre qui sera diffusée dans le cadre de la saison de concerts du collectif hapax.


Public

Etudiants en composition de niveau 3e cycle ou supérieur. Jeunes compositeurs. Admission sur dossier.

L’accès aux cours collectif est ouvert, sans sélection, aux auditeurs libres (voir coût pédagogique).


Présentation

Alain Savouret, compositeur, ancien membre du GRM (Paris), mènera quatre sessions basées sur son approche, qui est fondamentalement expérimentale et transversale, passant par la composition électroacoustique ou instrumentale, la direction d'orchestre ou l'improvisation non-idiomatique.

Des ateliers seront proposés par les compositeurs Gaël Tissot et Guillaume Hermen, afin de vous accompagner dans votre travail de création (3h /jour).

Les studios seront également mis à votre disposition en début et en fin de journée (min : 1h30 /jour pour chaque stagiaire).

Chaque étudiant devra produire une pièce électroacoustique. Les pièces seront diffusées en novembre 2015 à l’Espace Musical de la Digue. Cette diffusion vous permettra, s’il y a lieu, de recevoir une aide du Fonds d’encouragement à la première exécution publique de la SACEM.
Dates:

Du 21 au 25 juillet 2015

Durée:

5 jours

Lieu:

Espace Musical de la Digue, Toulouse, France

Langues:

Français, anglais

Coût pédagique:

350€. Possibilité de financement AFDAS pour les intermittents du spectacle. Nous contacter.
Accès aux cours collectifs (auditeur libre): 120 €

Date limite d'inscription:

7 juin 2015
Contenus, intervenants:



Alain Savouret


1 - Holophonie et dés-orientation de l’écoute (mercredi 22 juillet 2015, 10h00)

L’holophonie est une technique de captation/diffusion du son que j’oppose aux usages compositionnels aboutissant à la projection « frontale » du son (même élargie au « multicanal »), plaçant les auditeurs en posture démarcative comme dans le théâtre à l’Italienne. Elle nécessite une disposition en rond de ceux-ci (circonvoisinité) sans axe privilégié, les plaçant à l’intérieur de la « scène sonore ». Mes premières expériences remontent à l’année 1972, au Service de la Recherche de l’ORTF (L’arbre et cætera, première pièce concrète tétraphonique). Fragile de mise en œuvre, je n’ai réitéré cette technique que dans les années 90, développant le procédé (penta ou hexaphonie) au Studio Delta P de La Rochelle (réalisation avec image vidéo), au CNSMDParis, au GMEAlbi.

2 - Enluminures et Polyphonie Généralisée (jeudi 23 juillet 2015, 10h00)

Démarche inspirée des façons de représenter le monde entre les XIe et XIIIe siècle (motets polyverbalistes, enluminures), je pense la composition comme la tentative de rendre cohérent le disparate, l’hétérogène. S’approcher d’une sorte de « rhétorique concrète » pour s’écarter d’une narrativité (diégèse) plus conventionnelle, conformée. Appuis sur le caractère des termes sonores plutôt que sur leur valeur à l’intérieur d’un système. Esthétique de la rupture, de l’intervalle et de la relation, mêlées dans le même temps.

3 - Maîtrise d’œuvre (vendredi 24 juillet 2015, 10h00)

Les techniques de bâtissage propres à la polyphonie généralisée, que j’ai appliquées à certaines de mes compositions électroacoustiques, je les ai aussi appliquées à des ouvrages de grande dimension (spatiale et temporelle), impliquant des « populations musicales » diversifiées. Analyse de différentes stratégies à partir de Roi Artus (Motet-Trans-Départemental) mis en œuvre à Saint-Sever (1986/1987), sous l’égide du Conseil Général des Landes. Effectif : cinq classes d’enfants et leurs instituteurs/trices(CM1/CM2), une chorale adulte amateur, un ensemble instrumental professionnel, deux solistes (un saxophoniste et un organiste), un ensemble traditionnel gascon.

4 - La place de l’auralité dans la formation du musicien (samedi 25 juillet 2015, 10h00)

Comment envisager une pratique musicale d’ensemble (instrumentale, vocale, gestuelle…) sans appui sur une écriture (partition) et apprentissage d’un code. Notions de solfège de l’audible et d’improvisation libre. L’apport fertile du haut-parleur sera révélé par l’exercice des « déchiffrages à l’ouïe » que devront effectuer différents instrumentistes. Ils seront invités à improviser (solo) à partir de petites « pièces haut-parlantes » qu’ils découvrent en première écoute.


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Alain Savouret a profité d'une double formation: «classique» au CNSMD de Paris (élève d'Elsa Barraine, d'Olivier Messiaen, de Marcel Beaufils entre autres) et « expérimentale » au Service de la Recherche de l'ORTF dirigé par Pierre Schaeffer.

Il en découle une démarche fondamentalement expérimentale et transversale passant par la composition électroacoustique ou instrumentale, la direction d'orchestre ou l'improvisation non-idiomatique. Ces différentes pratiques se développeront au gré des sollicitations de divers lieux institutionnels, souvent accompagnées (et nourries) de moments de formation des populations concernées. Ainsi naîtra la conception de « maîtrise d'oeuvre ». La « maîtrise d’oeuvre » est une action circonstanciée de création, sur un long terme, partagée avec des « sociétés » spécifiques, leurs usages (sociaux, musicaux...), leur environnement, leur patrimoine. Quelques exemples de ces Commandes-missions de l’Etat: Roi Artus dans le département des Landes (1987), Célébration Orphéonique dans le département de Seine et Marne (1989), Fort-Nieulay avec la ville de Calais (1991), Veillée composée dans la région Auvergne (1992), entre autres…

Cette démarche inventive, privilégiant le « contexte » (avec qui, quand, où, comment ?) plutôt que le « texte » (une partition « impérative », réitérable), a favorisé l'émergence de « l'auralité » dans sa réflexion théorique sur la pratique musicale. Partage du temps et de l’espace, auto-organisation contre déterminisme : un « savoir-entendre » en perpétuelle régénération doit précéder les « savoir-faire », et remettre fertilement en question les codes et techniques établis.

Ainsi en 1992, Xavier Darasse, alors directeur du CNSMD de Paris, lui demande de prolonger cette démarche dans l'établissement. Elle sera accueillie dans le département des disciplines instrumentales classiques et contemporaines sous la forme d’une classe intitulée « Improvisation Générative ». Il rédige alors son ouvrage Introduction à un solfège de l’audible - L’improvisation libre comme outil pratique (Ed. Symétrie-2010), témoignant de l’expérience. En tant que compositeur, à ce jour, plus de soixante titres pour le concert (compositions instrumentales, vocales, électroacoustiques et mixtes), de nombreuses pièces pédagogiques, des réalisations pour la scène (opéra de chambre, danse, théâtre), des compositions expérimentales image/son holophonique (Fragments, pour mémoire, Le son de danses), ouvrages ayant faits pour la plupart l’objet de Commandes de l’État et des Régions, ou d’organismes subventionnés.

Membre du GRM de l’ORTF (68/71), Compositeur-associé au Groupe de Musique Expérimentale de Bourges en 1972, Grand Prix des compositeurs de la SACEM en 1982, membre du conseil scientifique de la recherche musicale et chorégraphique (Ministère de la Culture-90/93), membre de l'Académie Internationale de Musique Electroacoustique (1995/2005).



Gaël Tissot


Gaël Tissot a découvert la musique par l’étude du piano. À partir de 2002, en parallèle avec des études de musicologie à l’univer- sité de Toulouse, il suit les cours de composition du conservatoire dans la classe de Bertrand Dubedout ainsi que les cours de perfectionnement de piano de François-Michel Rignol à Perpignan.

Auteur d’une thèse sur la musique électroacoustique de François Bayle et ses rapports avec le domaine visuel, il a également com- plété sa formation de compositeur au Centre International de Recherches Musicales de Nice (dans le cadre duquel il a effectué une résidence de trois mois à l’université de Berkeley en Californie) et au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon, avant de rejoindre en 2011 le collectif de compositeurs éOle (Toulouse).

Sa musique, aussi bien instrumentale qu’électroacoustique, reflète un travail sur la plasticité, un jeu sur les contours du son et les formes perceptives qui peuvent en découler. Il est également l’auteur de nombreuses publications musicologiques internationales, et sa musique est jouée aussi bien en France qu’à l’étranger (Nuits bleues, Tage für neue Musik Darmstadt, festival Occitània, université de Cologne...).

Gaël Tissot a fondé le collectif hapax en 2013 et en est actuellement le directeur artistique.



Guillaume Hermen


Après des études de cinéma et techniques du son, Guillaume Hermen intègre en 2005 la classe de composition électroacoustique de Bertrand Dubedout au Conservatoire de Toulouse. La découverte de la liberté dans la création contemporaine à travers des artistes comme Gyorgy Ligeti, Paul Klee, John Cage, Pierre Henry, Jimi Hendrix ou John Coltrane provoque chez lui une détonation. En 2007, il consacre son temps à la composition et suit les enseignements de Philippe Leroux et Thierry Blondeau en région parisienne. Il étudie depuis 2011 au CNSMDP dans la classe de Gérard Pesson.

Très inspiré par le temps musical des polyphonies africaines pygmées, des musiques indiennes et d'artistes tels que Bill Viola, Morton Feldman ou Steve Coleman, il centre son langage sur la construction du rythme et oriente ses expériences sur les relations geste/son, écriture/improvisation, réel/virtuel et les illusions qu'elles peuvent engendrer. Il a collaboré avec des ensembles tels que l'Ensemble Inter Contemporain, Cairn, TM + ainsi qu'avec le duo Art'ung et le musicien improvisateur Sylvain Darrifourcq.